"Der Sozialismus siegt" :
la République démocratique allemande dos au mur
(1945 -1990)




Vous êtes ici :L'Exposition à la Bibliothèque de Paris 8 : Un pacifisme affiché mais ambigü

Retour à l'accueil


L'Exposition
à la Bibliothèque universitaire de Paris 8








Un pacifisme affiché mais ambigü





1979-1980 : un nouveau vent froid souffle dans les rapports Est-Ouest.

Les Soviétiques installent à l’est de l’Europe de nouvelles fusées intercontinentales (5000 km de portée), les SS 20 et des fusées « tactico-opérationnelles à moyenne portée » (900 km), les SS 22.

  A la mi-décembre 1979 intervient la « double décision » de l’OTAN : déploiement de fusées Pershing II en cas d’échec de la conférence de Genève sur le désarmement. Le président américain Ronald Reagan entend « mettre l’URSS à genoux en la forçant à se surarmer ».

  Pendant l’été 1980 l’Etat de guerre est décrété en Pologne, les Soviétiques interviennent en Afghanistan.

Pour le gouvernement de la RDA, la paix devient une « question cruciale » : absorbant d’énormes ressources humaines et matérielles, la course à la suprématie militaire constitue pour la RDA une sérieuse entrave à son développement et menace même son existence. En effet, une partie importante de son budget est consacrée à la production de matériel militaire au profit de l’URSS et du pacte de Varsovie.

La RDA ne renvoie pourtant pas dos à dos Américains et Soviétiques. Seuls les projets de l’OTAN sont condamnés, tandis que le surarmement soviétique, présenté comme une réplique, n’est jamais officiellement contesté.

Paradoxalement, devant la menace d’un déploiement d’armes nucléaires sur leur sol, les deux Etats allemands inaugurent un rapprochement. Le SED approuve la « doctrine Bahr » (du nom d’un responsable social-démocrate ouest-allemand) qui vise à créer une zone dénucléarisée en Europe.

En septembre 1964 le SED signe avec le SPD ouest-allemand un projet d’accord sur la création en Europe d’une zone dépourvue d’armes chimiques. Ce rapprochement inquiète certains hommes politiques occidentaux, notamment français qui craignent une dérive de l’Allemagne de l’Ouest, bouclier avancé de l’OTAN en Europe, vers le neutralisme.

En RDA, on assiste dans le même temps, et ce en parfaite contradiction avec la propagande officielle, à une « militarisation de la société » : cours d’instruction militaire rendus obligatoires en 1978 dans les écoles pour les 14-16 ans, exercices de défense civile, éloge de la discipline et de l’obéissance, remise en vente de jouets guerriers dont la fabrication était prohibée depuis 1945.

Prenant le contre-pied du slogan gouvernemental de la « paix armée »qui barre les affiches à la gloire de la NVA (Armée Nationale Populaire), l’Eglise protestante lance celui de « la paix sans armes » et apporte son soutien à un courant pacifiste indépendant. Elle fait fabriquer un écusson qui reprend les paroles du prophète Michée « transformer les épées en soc de charrue ». De nombreux jeunes l’arborent sur leur blouson.

Mais les autorités politiques jugent qu’il revient au seul SED, conformément à son rôle de dirigeant, inscrit dans la constitution, de conduire un mouvement pacifiste unitaire. En 1982, le port de cet écusson est interdit. Quelques pacifistes sont condamnés pour activités subversives, frappés d’interdiction professionnelle et parfois expulsés vers la République fédérale.

Texte : Jean Mortier






Page précédente
Page suivante

Retour en haut de page

Retour à l'accueil