Bettina Wegner, Für meine weggegangenen Freunde 1979

Wenn ich nach einer angstdurchträumten Nacht erwache,
da kommt es manchmal, dass ich weinend lache.
Weil ich vermisse, was ich einmal hatte.
die Schutzhaut, meine harte, meine glatte.
Die ist zerrissen und blieb irgendwo.

Es sind zuviele von uns weggegangen,
ach hätte niemals niemand damit angefangen.
Trauer und Wut, das hat Euch weggetrieben,
Mensch wär das schön, Ihr wäret alle hiergeblieben.
Bei Euch, bei uns,
und auch bei mir.

Stille Statistik wird sich jetzt mit Euch befassen,
und doch habt Ihr ein bischen mehr verlassen
Als Euren Zorn und Eure Bitterkeit,
das viel an Unrecht und Verlogenheit.
Da war noch Andres, das lohn
te hierzubleiben!
Ich meine alle, die Euch wirklich brauchen,

und jetzt in ihrer Trauer untertauchen.
Die Euch noch folgen auf die gleiche Reise.
und die hier bleiben, sterben still und leise.
An Euch, an uns, und an sich selber auch.

Ich werde dieses Lied vielleicht nur summen,
und eines Tages vielleicht ganz verstummen.
Schweigend und klein verbucht man die Verluste,
ich weiß nur sicher, dass ich bleiben musste.

Dass unsre Ohnmacht nicht noch größer wird,
dass unsre Ohnmacht nicht noch größer wird!

Bettina Wegner , A mes amis partis, 1979



Quand je me réveille après une nuit peuplée de cauchemars

Il m'arrive parfois de rire en pleurant

Regrettant ce que j’ai perdu

Ma peau protectrice, dure, lisse

Elle est en lambeaux, restée quelque part


Trop d'entre nous nous ont quittés

Si seulement personne n'avait commencé !

Ce sont la tristesse et la colère qui vous ont chassés

Que ce serait bien si vous étiez tous restés ici

Chez vous, chez nous

Et aussi chez moi


Des statistiques muettes vont à présent se pencher sur vous

Et pourtant vous avez quitté un peu plus

Plus que votre bile et votre amertume

Que l’injustice et le mensonge érigés en règle

Il y avait autre chose encore, qui valait la peine de rester ici !

Je pense à tous ceux qui ont vraiment besoin de vous

Et se replient dans leur tristesse

A ceux qui vont encore vous suivre dans ce même voyage

A ceux qui restent ici, meurent en silence à petit feu

A vous, à nous, à moi-même aussi.


Je vais peut-être juste fredonner cette chanson

Et un jour peut-être je me tairai pour de bon

C’est en silence et humble que l’on compte ses pertes

Je n’ai qu’une certitude : il fallait que je reste


Pour contenir la montée de notre impuissance

Pour contenir la montée de notre impuissance